portrait juste vignette

Pour un portrait plus juste des besoins de pharmaciens au Québec

Publié le 14 février 2024 par Julie Racicot, présidente et Linda Vaillant, directrice générale

Mot de la présidente et de la directrice générale

Voilà maintenant près de 20 ans que votre Association mène une enquête annuelle pour mesurer la pénurie de pharmaciens dans les établissements de santé du Québec et ses conséquences sur les soins et les services pharmaceutiques. Cette pratique a commencé après la publication, en avril 2001, d’un rapport du groupe de planification de la main-d’œuvre du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Celui-ci faisait état d’un écart entre les besoins de pharmaciens d’établissement et les perspectives de recrutement sur 15 ans. Jusqu’à récemment, l’enquête de l’A.P.E.S. a surtout porté sur la comparaison entre le nombre de postes autorisés au budget de chaque établissement de santé et le nombre de postes de pharmaciens non comblés (sans titulaire ou temporairement dépourvus de titulaire). Cependant et comme plusieurs d’entre vous nous l’ont souligné au fil du temps, cette approche ne permet pas d’obtenir un portrait réel des besoins.

La pénurie a notamment pour effet de freiner la croissance des postes, tandis que les besoins ne cessent d’augmenter, et ce, pour plusieurs raisons : vieillissement de la population, multiplication des cas de cancer et de maladies chroniques, évolution et complexification de la pharmacothérapie, explosion du prix de certains médicaments, notamment. L’A.P.E.S. a donc entrepris un virage afin que son enquête tienne compte non seulement des postes à combler, mais aussi des postes à créer et à pourvoir afin que les pharmaciens des établissements puissent donner des soins pharmaceutiques aux patients hospitalisés et ambulatoires.

L’enquête réalisée au printemps 2023

Au printemps 2023, les gestionnaires des départements de pharmacie ont répondu à un questionnaire qui couvrait l’offre de soins pharmaceutiques dans des secteurs ciblés. Au moyen de ratios, l’A.P.E.S. a pu mesurer les effectifs actuels en comparaison des effectifs requis dans ces secteurs de soins. Les résultats de l’enquête montrent des besoins dans toutes les régions du Québec. Globalement, pour les seuls secteurs de l’urgence, des soins intensifs et coronariens, de l’oncologie et de la dialyse rénale – secteurs pour lesquels l’A.P.E.S. s’appuie sur des ratios québécois déterminés par le MSSS (oncologie) ou par les travaux approfondis de ses regroupements de pharmaciens experts (RPE) – quelque 235 pharmaciens à temps complet sont nécessaires. Par ailleurs, rappelons que le gouvernement a octroyé, en 2022, 200 nouveaux postes en milieux d’hébergement de soins de longue durée.

Soulignons que les ratios issus des travaux des RPE de l’A.P.E.S. dans les secteurs ciblés sont basés sur une revue de la littérature scientifique et l’expérience de pharmaciens aguerris dans ces secteurs de soins. Les ratios se retrouvent dans les guides de pratique des RPE de néphrologie et d’urgence et l’outil de référence sur les soins intensifs. À mesure que des ratios québécois seront établis pour d’autres secteurs de soins, l’A.P.E.S. souhaitera recueillir des données sur ces secteurs additionnels.

Diffusion des résultats

Afin de sensibiliser les autorités du MSSS et des établissements à l’ampleur des besoins, l’A.P.E.S. diffuse présentement des communiqués dans la majorité des régions sur l’état de découverture en soins pharmaceutiques dans ces secteurs. Elle accorde aussi des entrevues dans les médias. Vous pourrez prendre connaissance des reportages et mentions en visitant le site Web de l’A.P.E.S.. En parallèle, nous adressons aussi une lettre aux députés des différentes régions sociosanitaires.

Par les changements ainsi apportés à son enquête, l’A.P.E.S. souhaite dégager un portrait le plus représentatif possible des besoins de pharmaciens dans les établissements de santé du Québec. Elle veut ainsi appuyer les efforts des départements de pharmacie pour déployer et renforcer l’offre de soins pharmaceutiques aux patients des unités de soins et des cliniques ambulatoires. En continuant de jumeler nos efforts, nous parviendrons à faire progresser les soins!