Déprescription et transfert d'informations dans le parcours de soins des aînés avec Katherine Desforge | Partie 3
Publié le 15 août 2023 par François E. Lalonde, pharmacien et adjoint professionnel à la direction générale
Spécialisation
Publié le 15 août 2023 par François E. Lalonde, pharmacien et adjoint professionnel à la direction générale
Spécialisation
Nous poursuivons notre série avec Katherine Desforges, actuellement à Melbourne, en Australie, où elle réalise une résidence spécialisée sur le sujet de la déprescription à la Faculté de pharmacie et des sciences pharmaceutiques de l'Université Monash. Dans le cadre de ce troisième entretien, Katherine revient sur son séjour de cinq mois lié à son projet de résidence spécialisée. Elle partage avec nous une analyse préliminaire des résultats de son projet ainsi que les outils qu’elle rapportera dans ses bagages. Rappelons que Katherine est pharmacienne au Centre universitaire de santé McGill et secrétaire du RPE en gériatrie ainsi que professeure adjointe de clinique à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal. Soyez prêt à plonger dans le dernier volet d'une série de trois actualités qui vous ont été dévoilées chaque mois durant l'été 2023 !
Consultez le premier volet de la série en cliquant ici et le deuxième volet en cliquant ici.
A.P.E.S. : « Bonjour Katherine ! Nous en sommes déjà à la troisième et dernière actualité sur votre séjour en Australie. Pouvez-vous nous rappeler ce sur quoi vous avez travaillé durant les derniers mois ? »
K.D. : « Bonjour ! Oui, avec plaisir. J’ai eu la chance de passer les cinq derniers mois à Melbourne en Australie pour réaliser ma résidence spécialisée avec Dre Emily Reeve. Je vous rappelle que Dre Reeve est mondialement reconnue pour ses travaux sur la déprescription. C’est sous sa direction que j’ai élaboré un projet de recherche dans ce domaine, et plus spécifiquement sur la manière de communiquer entre les milieux hospitalier et communautaire en termes de déprescription et pour en apprendre plus sur le niveau de confort des pharmaciens autraliens de tous les milieux à déprescrire. J’ai interviewé un total de 32 pharmaciens des milieux hospitalier et communautaire pour mieux comprendre leur réalité au quotidien concernant la déprescription ainsi que leurs besoins. »
A.P.E.S. : « Merci Katherine. C’est vraiment intéressant ! Êtes-vous en mesure de nous donner une idée de ce que vous avez recueilli comme résultats ? »
K.D. : « En fait, nous sommes actuellement à réaliser l’analyse des résultats, et celle-ci devrait être complétée pour la fin octobre 2023. Je suis tout de même en mesure de vous partager une primeur ! L’analyse préliminaire des résultats montre que les pharmaciens sont bien conscients de leur rôle dans le processus de déprescription, mais ils ont fait ressortir, au cours des entrevues, différentes barrières pour le mener à bien.
Les pharmaciens hospitaliers ont identifié deux éléments qui les aideraient. Le premier est un plus grand partage d’informations sur les antécédents médicaux des patients sous leur charge. Le deuxième est l’amélioration des processus liés au transfert d’informations avec le milieu ambulatoire. Quant aux pharmaciens communautaires, les résultats ont fait ressortir qu’ils ont besoin de temps dédié à la déprescription et davantage d’opportunités de communication avec les équipes multidisciplinaires impliquées dans les soins de leurs patients afin de mieux les soutenir dans leur appropriation de ce processus. Les pharmaciens cliniciens de tous les milieux ont mentionné qu’une offre de formation continue devrait être offerte pour améliorer leurs connaissances et leur niveau de confort en déprescription. »
A.P.E.S. : « Katherine, à la suite de cette expérience, que ramenez-vous au Québec ? »
K.D. : « Je ramène plusieurs éléments de mon expérience australienne. Tout d’abord, j’ai considérablement appris au contact du Dre Reeve et de son équipe en ce qui a trait à la recherche qualitative en général, à la rédaction de tous les documents liés au dépôt au comité d’éthique et à la réalisation des entrevues. Dre Reeve m’a aussi guidé pour l’analyse des transcriptions des entrevues. Nous continuerons à nous voir virtuellement toutes les semaines pour discuter des avancées du projet. J’en ai également beaucoup appris sur plusieurs projets en cours au sein du Centre for Medicine Use and Safety (CMUS). J’ai créé des liens avec plusieurs personnes tant à Melbourne qu’à Sydney qui seront certainement de précieux collaborateurs dans de futurs projets sur la déprescription.
Je me suis fixée comme objectif de reproduire le même exercice que celui que j’ai fait en Australie mais avec des pharmaciens québécois. Cela me permettra de comparer les points de vue et les barrières au transfert d’informations dans le parcours de soins des patients âgés, notamment entre les hôpitaux et les ressources de soins en milieu communautaire. Le but de cette étude sera également d’appuyer différentes initiatives qui pourront aider les pharmaciens dans l’implantation de la déprescription dans leur pratique clinique. Je suis heureuse de pouvoir ramener tout ce bagage avec moi au Québec tant pour mon utilisation professionnelle que pour le partager avec mes collègues ayant un intérêt en gériatrie, et plus particulièrement avec mes collègues du Regroupement de pharmaciens experts en gériatrie et ceux du Centre universitaire de santé McGill. Et il me fera grand plaisir de partager le fruit de mes efforts avec tous mes collègues québécois lorsque mon article sera publié dans quelques mois. »
A.P.E.S. : « Nous vous souhaitons de conclure en beauté votre séjour en Australie et de nous revenir en pleine forme pour continuer vos projets ! »
K.D. : « Merci bien. En fait, mes collègues m’ont amenée voir une partie de football australien qui n’a rien à voir avec le football nord-américain. J’ai également eu l’occasion de participer à une soirée trivia ou soirée quiz avec mes collègues du CMUS, ce qui m’a permis de les voir dans un autre contexte que professionnel. J’ai aussi eu droit à une petite fête de départ durant laquelle on m’a fait goûter plusieurs gourmandises typiquement australiennes. Pas mauvaises du tout !
Et voilà ! Au plaisir de vous croiser à mon retour au Québec pour échanger tant que vous me laissez un peu de temps pour me remettre du décalage horaire ! »
C’est sur cette note divertissante que nous concluons cette série d’actualités sur le volet australien de la résidence spécialisée de Katherine. Nous tenons à la remercier chaleureusement de s’être prêtée à ces entretiens estivaux.