Mot de la présidente et de la directrice générale

Le gouvernement veut-il vraiment des pharmaciens en soins de longue durée?

Publié le 9 novembre 2023 par Julie Racicot, présidente et Linda Vaillant, directrice générale

Le MSSS a octroyé, au printemps 2022, un financement permettant l’ajout de 200 postes de pharmaciens pour renforcer l’offre de soins et services pharmaceutiques aux personnes hébergées en CHSLD, maisons des aînés et maisons alternatives. Afin de doter ces postes malgré la pénurie, le MSSS mise sur le recrutement de pharmaciens diplômés du premier cycle universitaire en pharmacie. Ce faisant, l’A.P.E.S. a dû insister sur la nécessité de créer un titre d’emploi distinct de pharmacien (Pharm. D., ci-après pharmacien I) pour répondre à ce besoin particulier. Le nouveau titre d’emploi vise à distinguer ce pharmacien affecté principalement à la longue durée du pharmacien diplômé de la maîtrise en pharmacothérapie avancée (MPA, ci-après pharmacien II), pouvant être affecté à différents secteurs de soins, aigus ou de longue durée. 

L’intransigeance et l’inertie de la partie patronale

L’A.P.E.S. est soucieuse d’une organisation du travail et de conditions qui favoriseront une cohabitation harmonieuse des pharmaciens I et II et elle a travaillé dans cet esprit à la table de négociation. Grâce à des idées novatrices, tout le volet normatif, notamment la détermination des rôles et des responsabilités liés aux deux titres d’emploi, a été réglé. Cependant, la négociation se trouve maintenant dans une impasse depuis juin dernier sur le volet salarial. Manifestement, notre projet novateur permet une réorganisation du travail qui répond aux objectifs du gouvernement, mais pour laquelle ce dernier ne consent pas à offrir aux pharmaciens les moyens et la reconnaissance nécessaires. En juin, le MSSS a qualifié sa proposition salariale de finale, position qu’il a réitérée en octobre dernier. L’A.P.E.S. la juge totalement inacceptable et a formulé plusieurs propositions, faisant encore ici preuve de créativité, mais ses propositions sont restées lettre morte. 

L’A.P.E.S. demande un écart salarial cohérent entre les deux titres d’emploi, c’est-à-dire un écart qui tienne compte des exigences relatives à la formation et aux responsabilités propres à chacune des catégories de pharmaciens. En outre, toute la réorganisation du travail à laquelle les pharmaciens d’établissement sont prêts à s’attaquer doit aussi être prise en compte par une évaluation adéquate des pharmaciens détenteurs de maîtrise sur qui repose l’intégration optimale des pharmaciens de premier cycle. 

L’attitude dogmatique de la partie patronale s’avère pour le moins décevante. Pour l’heure, elle ne démontre aucune volonté de négocier afin de parvenir à une entente, et ce, après une année complète de travaux. Qui plus est, le gouvernement ne semble ni comprendre le bien-fondé des demandes de l’A.P.E.S. ni saisir que ce blocage met en péril son projet d’offrir des soins et services pharmaceutiques aux personnes hébergées. 

Advenant l’absence de règlement 

Pour encadrer les embauches le temps de la négociation, une entente particulière temporaire a été signée le 12 juillet 2022 par le ministre de la Santé, M. Christian Dubé, et l’A.P.E.S. Jusqu’ici, le recrutement se fait de façon mitigée. Selon nos données internes, seulement 37 postes sur 200 auraient été pourvus en date du printemps 2023, et depuis, très peu d’embauches auraient été effectuées. Reconnaissons que recruter sur la base de postes temporaires dont les conditions de travail ne sont pas encore déterminées ne représente pas une mince tâche. 

En l’absence d’un accord sur le dossier de la longue durée avant la conclusion de la prochaine entente de travail des pharmaciens d’établissement, l’entente particulière et les conditions qui y sont prévues prendront fin. Dans ce cas, les établissements seront contraints de réafficher les « nouveaux » postes de pharmaciens en milieux de soins de longue durée et de les doter en vertu de l’entente de tous les pharmaciens d’établissement. Ces postes ne seront pas offerts en priorité aux pharmaciens qui les occupaient déjà. Des pharmaciens devront quitter le réseau s’ils ne sont pas formés à la pratique en centre hospitalier de soins aigus. On assistera à un retour à la case départ.

Une entente possible? 

Alors que l’A.P.E.S. réorganise, innove et formule de nombreuses propositions pour dénouer l'impasse, la partie patronale reste immobile. L’A.P.E.S. souhaite de véritables discussions, où il y aura place à la négociation et où elle ne se butera pas indéfiniment à une absence de réponse ou à des fins de non-recevoir. 

Depuis le blocage survenu en juin dernier, votre Association a déployé plusieurs actions, dont deux lettres transmises au ministre de la Santé. Nous avons aussi informé les directions des établissements de santé, et tout récemment, les députés de l’Assemblée nationale. Nous demandons l’intervention du ministre, afin que les discussions reprennent réellement dans le but de parvenir à une entente. Il en va de l’offre de soins et services pharmaceutiques aux personnes hébergées qui ont d’importants besoins en matière de pharmacothérapie et auprès desquelles les pharmaciens jouent un rôle unique.

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